Une nouvelle classe à l’école INDP

Ce 4 septembre 2017 est spécial pour l’Institution Notre Dame des Petits (INDP). Une nouvelle classe a été créée au sein de l’établissement : la 6e. L’ouverture de cette classe était un défi pour l’établissement. Elle est néanmoins significative parce qu’elle permet à l’établissement d’offrir une formation plus complète à ses élèves. HAÏTI EN CHŒUR soutient cette initiative qui permettra à l’établissement de faire passer les examens officiels dans deux ans,  aux élèves qui seront, alors, en 4e. Ces élèves sont les premiers à bénéficier de la salle informatique et de la bibliothèque, récemment installées dans l’établissement grâce à la générosité des adhérents de HAÏTI EN CHŒUR.  De plus, un membre adhérent de notre association, Pierre Boyer, compte aller en Haïti en octobre prochain pour donner des cours de français aux élèves de la 6e et faire du soutien scolaire,  bénévolement.

Un talent déniché

Lundi 11 septembre 2017. Il est 14h 52 en Haïti et il fait encore très chaud. Je rentre de Léogâne, la ville de la reine-cacique Anacaona, ville, située au sud de Port-au-Prince. Je viens tout juste de prendre connaissance de la participation de HAÏTI EN CHŒUR,  à la fête des associations de la ville d’Épinay-sous-Sénart. Anne-Marie, la trésorière de l’association, a fait un compte rendu par mail au Conseil d’Administration ; et Aurélie, membre de ce conseil, m’a transmis des photos que j’ai publiées sur la page Facebook de HAÏTI EN CHŒUR. Un travail impeccable !

Je pense à mon retour demain en France. Encore huit heures de vol, me suis-je dis. Néanmoins, j’ai hâte de revoir mes amis et de leur parler de la situation dans mon pays. Certainement c’est un pays à problèmes et qui souffre, mais c’est aussi un pays où le peuple est extrêmement courageux. Ici, on n’est jamais vraiment seul. Le contact humain est si fort qu’on finit par penser qu’il est peut-être imposé. On accorde tellement d’importance au groupe, aux autres, à leurs problèmes… En regardant les choses en face, on se rend vite compte que nos difficultés et nos manques sont insignifiants devant ceux de cette population dépossédée.

Un exemple. J’ai fait une rencontre fascinante à la fin du mois d’août. Une petite fille fascinée par le chant spirituel et la langue française. Elle vit avec ses parents au sud de Port-au-Prince, dans la ville de Léogâne. Elle s’appelle Beltude. C’est une magnifique jeune fille de douze ans. De corpulence bien élancée, elle a une peau noire suave étincelante, des beaux yeux noirs qui illuminent son visage. J’ai été frappé de voir un enfant si chantant. En plus, elle prend l’école très au sérieux. Lorsqu’il s’agit de se défendre, ce qui lui arrive souvent, cette enfant est capable de manier les mots jusqu’à vous fatiguer. À chaque fois, je me dis qu’elle serait une parfaite avocate si elle a la possibilité d’arriver au bout de ses études. J’ai été aussi touché par le fait qu’elle n’avait pas réussi, toute studieuse qu’elle soit, une de ses évaluations scolaires. Alors, elle s’est évidemment défendue du début jusqu’à la fin. J’ai appris alors qu’elle souffrait du cœur. Ses parents n’ont pas assez d’argent pour l’envoyer à l’hôpital et savoir précisément ce qu’elle a. L’année dernière, elle a dû tout de même consulter un médecin à un moment crucial et elle est restée un mois chez elle pour prendre les quelques médicaments que ses parents avaient pu l’acheter.

« Dans ces conditions, dit sont père, je ne peux te blâmer. Mais gare à toi, il faudra remédier à cela l’année prochaine :  je veux une moyenne de huit [sur dix]. »

Ce dernier ne travaille pas. Sa femme a un emploi à durée indéterminée dans un champ  de légumes. Son salaire ne suffit pourtant pas à nourrir chaque jour ses enfants et à payer leurs frais de scolarité.

Je suis allé chez Beltude. À ma grande surprise, ses parents et elle vivent encore dans un abri fait de morceaux de planches et de vieilles bâches distribuées par l’USAID depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a détruit leur logement. Chose inimaginable,  à vous déposséder de vous-même, lorsque vous voyez l’endroit où cette famille s’est installée et en sachant, qu’en plus, elle n’est pas la seule à vivre dans ces conditions si miséreuses. J’ai fait plusieurs aller-retours à Léogâne. J’ai pu me familiariser beaucoup plus avec cette chanteuse en devenir. Et puis, j’ai vu une vidéo de la fillette en train de chanter. Ce n’est pas époustouflant pour des oreilles françaises. Elle n’est pas non plus une surdouée. Mais ce qui m’a surpris c’est l’histoire de la chanson contée par la grand-mère de la fillette:

« Ce jour-là, on était allé sur la montagne pour prier. Et elle chantait avec tout le monde. Après la prière, elle a continué à chanter toute seule. Et un musicien l’a approché et lui a proposé de l’accompagner avec sa guitare. Il lui a dit: ‘’ suis le rythme de la guitare ’’. Et Beltude a commencé à chanter. Sans rien dans la main. Sans avoir réfléchi. Elle s’est laissé porter par le rythme, et c’était tellement impressionnant qu’on a pris la vidéo. »

Je n’avais pas compris tout de suite ce qu’elle essayait de me dire. Mais, j’ai revu la vidéo, et elle m’a redit l’histoire avec le même enthousiasme. En y prêtant un peu attention, car il fallait lui montrer que j‘accordais de l’importance à ce qu’elle me racontait, j’ai fini par lui poser une ou deux questions. Et c’est là que j’ai compris son enthousiasme. En fait, la fille ne faisait pas que chanter sur la vidéo, elle composait. Le guitariste lui a mis un rythme, elle l’a assimilé et a mis des mots là-dessus, ses propres mots pensés au moment  même où ils sont dits. Je ne suis pas du tout mélomane, mais cela, je le trouve extraordinaire.

La chanson était évidemment en haïtien. Les mots utilisés et les images choisies par Beltude sont de son âge. Ils se réfèrent à l’esclavage des Israélites en Egypte et leur salut accompli par Dieu. Mais, ils se réfèrent de façon actualisée dans sa vie à la maltraitance des enfants en général en Haïti, et à l’expérience du fouet qu’elle fait avec ses parents. Aussi, Dieu l’a délivré, et si ce n’était Lui, on lui aurait « toupizi ». Au début, lorsque je voyais la vidéo, il m’était impossible d’avancer et de finir de la visionner tellement ce mot « toupizi » est bizarre à cet endroit et dans la chanson. Je rigolais, c’était marrant. A la suite de l’histoire désormais comprise de la grand-mère, j’étais étonné de constater, à travers l’expression innocente d’un enfant qui chante la gloire de Dieu, la place que prenait dans l’inconscient de l’enfant, dans la mémoire et la psychologie sociale du peuple haïtien, l’aliénation de l’esclavage. Beltude m’a ensuite confirmé qu’elle a improvisé les parole de  la chanson et que les paroles lui venaient, comme ça. Désormais d’ailleurs, sa grand-mère lui a assigné une tâche :

« il faut  que tu cherches un cahier et que tu prennes le temps de réfléchir à des chants, ou bien, attendre qu’elles viennent dans ta tête et que tu les écrives sur un cahier ».

Son papa renchérit: « je t’aiderai à corriger par la suite ». Et moi de dire :

« ça, c’est un talent à encourager, un enfant à encadrer, un avenir à garantir, et peut-être même, un petit prodige que HAÏTI EN CHŒUR peut faire éclore ».

Voilà donc ce que je laisse derrière moi. Ces enfants malchanceux posent pour moi un devoir humaniste, et ils me sont un motif d’exode, un impératif d’amour.

Martin Dumais

La rentrée scolaire en Haïti

Lundi 4 septembre 2017. J’arrive enfin à trouver un peu de temps et d’inspiration pour vous écrire. Aujourd’hui, c’est la rentrée scolaire en Haiti. Elles sont toujours timides les rentrées en Haiti. Les parents ne sont jamais prêts : frais de scolarité et fournitures scolaires incomplets, uniformes non cousus, etc. Du haut du toit de l’école « Institution Notre Dame des Petits », j’observe. C’est le matin ; il fait 26 degrés. Mais, le ressenti est plus important  lorsqu’on a dormi entre quatre murs. Du haut du toit de l’école, je vois des personnes qui dorment encore dans leur cour ou sur le toit de leur maison. Oui, c’est une pratique devenues courantes à Port-au-Prince de dormir sur le toit tellement la chaleur est torride dans les maisons. La canicule dure tout l’été chez nous. On y est habitué, tous les moyens sont bons pour y résister…

Du haut du toit de l’école, je vois les premiers élèves de Notre Dame arriver. Deux enfants, avec leur maman, vêtus de leur uniforme rose et blanc. Il est 6h 28.

Les voitures grouillent déjà sur l’avenue Maïs Gâté. Depuis le toit de l’école, je peux observer à une certaine distance cette grande rue. Pas beaucoup d’écoliers ! A l’époque, cette avenue était impraticable. C’était une route en terre battue qui traversait une grande savane non cultivée et qui commençait à être construite. Mon papa et moi  habitions dans une petite pièce louée. Pour aller à l’école au centre ville de Port-au-Prince, toute la maison se réveillait à 4h00 du matin et chacun vaquait à ses occupations : qui, préparait le petit déjeuner, ses cours,  qui encore commençait à prendre sa douche, et moi je révisait mes leçons. A 5h, j’allais prendre à mon tour la douche. A 5h30-5h45, on quittait la maison pour prendre un »tap-tap » ou pour se coincer dans la vielle voiture d’un voisin qui était à 500 mètres. Il faisait souvent encore noir, et on avait peur en sortant de la maison. Mais au fur et à mesure que le quartier se bâtissait et qu’il y avait de nouveaux habitants, nos peurs s’estompèrent. Aujourd’hui, presque chaque maison, en général basse, compte plusieurs familles. Pourtant, ce matin, les élèves se font rare. Notre jeune population, dont 57% a moins de 24 ans, est encore aux abois.

La dure réalité d’Haiti est telle que dès que tu y rentres le système te broie. On n’a jamais le temps pour penser sa vie, et, à plus forte raison  celle des autres. Les préoccupations quotidiennes interdisent toute gestion du temps et toute pensée décentrée. Entourée de souffrances, plongée dans la misère la plus crue, désarçonné par des gouvernants et une élite décourageante, il faut se faire violence pour penser à autre chose que ce qu’on vit et  en ne se faisant aucune illusions. Violence qui nécessite d’oublier parfois la vive réalité qui nous tire en arrière pour oser croire, et oser construire tout petit dans l’espérance. Alors, je résiste. Je sais pouvoir compter sur des gens généreux, tournés vers les autres. Nous sommes plongés dans les problèmes quotidiens de notre pays,  pour apporter une solution à un ou deux qui nous touchent plus ou qui nourrissent les autres, les membres de HAÏTI EN CHŒUR nous font tenir dans l’espérance. En France, ces membres préparent la fête des associations de la ville d’Épinay-sous-Sénart. HAÏTI EN CHŒUR y tiendra un stand d’information. Les amis qui  le prennent en charge comptent, en autres, passer un film de quelques minutes, sur  les dégâts qu’a provoqués par le passage de  l’ouragan Matthew dans le sud d’Haiti, en octobre 2016. C’est particulièrement touchant car actuellement, en Haiti, c’est la saison des pluies. Ici, il n’y a pas  4 saisons comme dans  l’hémisphère nord. On distingue seulement une saison des pluies, mais vraiment de pluies torrentielles, et une saison de sécheresse. C’est vrai qu’en été il fait plus chaud. Mais en hiver, il ne fait pas pourtant frais, sauf le matin où l’on peut avoisiner les 20 degrés. Autrement à midi, le soleil bat son plein, et la température est rarement en-dessous de 30°. J’ai déjà assisté à de grands orages. Pendant que des bénévoles pensent à nous en France, nous, ici, nous nous préparons à nous confronter à un nouvel ouragan de même puissance, semble-t-il, qui doit frapper Haïti jeudi et vendredi. Heureusement, on a encore le temps d’espérer qu’il perde en intensité (l’inverse est aussi possible), et qu’il dévie de sa trajectoire pour ne pas toucher Haïti. Ce qui se produit relativement souvent malgré nos récurrentes agonies. La région caribéenne est toujours menacée par au moins une vingtaine de cyclones pendant la saison des pluies. Dommage qu’Haïti soit encore loin de prévoir ce phénomène inexorable!

Il est 7h10. A l’Institution Notre Dame des Petits, la rentrée est à 7h30. Je dois m’échapper… J’espère trouver un petit moment pour vous écrire de nouveau avant de laisser le pays.

A bientôt!

Une bibliothèque financée par HAÏTI en Choeur

Au cours de la mission en Haïti  de Martin Dumais, président de notre Association, en juillet et août dernier, une bibliothèque avec des étagères « flambant neuf » a été installée à l’Institution Notre Dame des Petits.

Les dix grandes étagères font à peu près 90 pouces de hauteur et 39 pouces de largeur. Elles  ont été financées en grande partie par HAÏTI EN CHŒUR. L’école a pu compléter avec ses propres deniers. Les bibliothèques ont été fabriquées sur places par un artisan ébéniste qui est aussi un parent de deux élèves de l’école. Désormais, les livres envoyés par les adhérents de l’association sont classés, enregistrés et rangés sur les étagères dans une salle entièrement aménagée pour cela. Un jeune bénévole, Désitéus Dawenson Pierre  assure la gestion de la bibliothèque. Il ne reste qu’à continuer à remplir les étagères, avec l’espoir de trouver les moyens nécessaires au remplacements des claustras – qui laissent passer trop de poussière par les fenêtres de la pièce –  par des persiennes ou des fenêtres vitrées.

Quelques exemplaires de livres liturgiques offerts par la maison d’édition Sainte Geneviève  occupent aussi une étagère dédiée aux livres religieux .

HAÏTI en Choeur à la fête des associations d’Epinay

Le 10 septembre 2017 s’est tenue dans le parc de l’Europe la fête des associations de notre ville d’Épinay-sous-Sénart. HAÏTI EN CHŒUR  était présente à cet évènement. Des membres de l’association, Anne-Marie Jaudon, trésorière, Francoise Bartouilhet, Aurélie et Arlette Tsang, membres du conseil d’administration ont tenu un stand d’information pour notre association. Elles ont échangé avec la population spinolienne, notamment avec quelques spinoliens originaires d’Haïti dont un conseiller municipal de la ville.